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La princesse Despina Hatun

Née dans la noblesse Wakhis et exilée avec sa famille au Tadjikistan, la princesse Despina Hatun était l’héritière d'une lignée qui remonte à la princesse Sharbanu, fille du dernier roi zoroastrien d'Iran, Yazdegerd. Ce dernier avait fui les invasions arabes pour trouver refuge dans les montagnes du Pamir. Depuis lors, la famille de Despina avait préservé le culte zoroastrien à travers les générations, même en terre ismaélienne.
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Alors que le thé fumant commençait à emplir les tasses, la porte s'ouvrit doucement, dévoilant une silhouette élancée. C'était Despina Hatun, la nièce de Shahram, dont la réputation de sagesse et de beauté dépassait les frontières de la vallée. Descendante de la noblesse Wakhis, elle incarnait l'héritage d'un peuple en exil, fidèle à la préservation de la foi zoroastrienne.

Voici Despina, héritière directe de la princesse Sharbanu

Avec une élégance naturelle, elle s'approcha, ses vêtements richement brodés bruissant à chacun de ses pas. Ses yeux bruns, empreints d'une curiosité intelligente, balayaient l'assemblée. Shahram, la voix empreinte de fierté, fit les présentations.

"Voici Despina, la fille de mon frère, héritière directe de la princesse Sharbanu," annonça-t-il. "Elle et sa famille ont su préserver le culte zoroastrien de nos ancêtres jusqu'à aujourd'hui."

Despina s'inclina avec une grâce qui soulignait son rang, puis s'assit délicatement parmi eux. Ses doigts effleuraient la tasse de thé, leur finesse contrastant avec la rusticité de la céramique.

"Accueillir des étrangers venus d’aussi loin est un honneur," commença-t-elle d'une voix douce mais ferme. "Les échos de votre périple vers Bamiyan ont franchi monts et vallées pour nous parvenir."

Son regard se fixa un instant sur les flammes du foyer. "Les talibans nous appellent 'kafir' pour notre adoration du feu," dit-elle, la voix chargée d'histoire. "Les Zoroastriens du Wakhan ont été persécutés et exilés, contraints par l'armée de l'émir de Kaboul à renoncer à nos croyances ou à fuir. Les miens ont trouvé refuge dans le Nouristan, où nous avons continué à pratiquer nos rites en secret."

Après une pause, son regard se perdant dans les flammes, Despina reprit. "Il existe une théorie fascinante concernant les Kafirs du Nouristan," dit-elle. Lobsang s'avança légèrement, captivé. "Laquelle ?" demanda-t-il.

Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de Despina. "Il se murmure que les Kafirs pourraient être les descendants des légions grecques d'Alexandre le Grand. Ces hommes auraient fondé des familles avec les autochtones, donnant naissance aux tribus que nous appelons aujourd'hui Kafirs."

Namgar, les yeux brillants d'étonnement, intervint : "Cela pourrait-il expliquer les traits distinctifs des Kafir, si différents de ceux des autres ethnies de notre région ?"

Despina acquiesça avec assurance. "Exactement. Et bien que les preuves tangibles soient rares, les traditions orales renforcent la thèse selon laquelle les Kafir, ainsi que les Kalashs du Pakistan, pourraient être les descendants de peuples indo-européens. Ces derniers auraient migré à travers l'Eurasie pour s'établir finalement aux confins de l'Hindu Kouch, une origine attestée par les racines indo-européennes des langues nouristanies."

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