Le lac Issyk-Kul, littéralement "le lac chaud", se nichait entre les chaînes montagneuses de Terskey Alatau au sud et de Kungey Alatau au nord, toutes deux faisant partie du massif du Tien Shan. De forme ovale, il s'étendait sur plus de cent quatre-vingts kilomètres de long et environ soixante de large. Selon les Kirghiz qui campaient à proximité, ce lac serait né d'un puits d'eau qui, n'ayant jamais été scellé, aurait débordé, submergeant les cités environnantes pour former cette vaste étendue d'eau. De nombreux historiens attribuaient l'épicentre de la peste noire à la région entourant le lac Issyk-Kul.
La glace craquait et des colonnes de vapeur sulfureuse s'élevaient à la surface
Avec une profondeur maximale approchant les six cent soixante-dix mètres, le lac présentait des rives en pente douce, ponctuées par endroits de falaises abruptes où les montagnes du Tien Shan semblaient se jeter directement dans ses eaux. Une odeur de sulfure s'échappait du lac. Des trappeurs kirghiz, sur le point de quitter les lieux, nous ont raconté qu'en été, même durant les journées les plus calmes, les eaux du lac pouvaient se déchaîner soudainement, causant la mort subite de tous ses poissons. En hiver, la glace craquait et des colonnes de vapeur sulfureuse s'élevaient à la surface. Ils croyaient que ce phénomène s'expliquait par la présence de volcans sous-marins qui, occasionnellement, se réveillaient des profondeurs du lac.